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Euh…

Le patron et la pitié, un drame français

Je sais copier coller des articles complets c’est mal mais celui-ci est définitvement trop bon!

C’est dans la périphérie du petit village de Jouy-en-Josas, sous quelques tentes et chapiteaux de fortune, que s’est installé pour quelques jours un camp de gens du Medef
Issus d’une minorité persécutée, chefs d’entreprises, héritiers, capital-risqueurs et autres précaires de la conjoncture boursière, marqués d’un badge au fer rose, ils se réunissent, hagards et apeurés, sans toit ni loi, un bol de saucisses-cocktail à la main pour tenir entre deux repas, dans ce qu’ils appellent une « université d’été » .
C’est l’ensemble de la filière patronale à portefeuille épais qui est rassemblé ici. Avec le souci de faire respecter l’ordre républicain, mais aussi la justice sociale, le gouvernement, attentif aux excès et aux zones sombres de ces milieux interlopes traînants une sombre réputation de fraude fiscale et de travail au noir, le gouvernement donc a décidé cette année d’ouvertement infiltrer le campement. 
Entre les assemblées plénières, les plateaux de macarons à la ciboulette, la consultation des cours sur l’appli Bloomberg, des témoignes recueillis par des reporters de la presse économique nous éclairent sur l’intensité du drame à l’intérieur du campement:
MARIE CHRISTINE OGHLY, vice-présidente du Medef
« – On se sent mal aimé, on se sent stigmatisé systématiquement !« 
GILLES REBIBO, Président de Mister Gold
 » – Nous sommes visés par la politique, nous sommes visés par l’administration en général. Nous sommes devenus des vraies cibles de toutes les administrations et c’est quelque chose qui devient insoutenable et insupportable.« 
Comment ne pas être ému devant la détresse de ce peuple pointé du doigt et contraint par une loi absurde et obsolète à encore payer, même peu, les travailleurs ? Comment ne pas être effrayé par ce retour aux heures les plus sombres de notre histoire. C’est à peine si, au détour d’un brasero où quelques DG en peine cherchent une flamme de réconfort histoire de porter à incandescence leurs Cohibas détaxés, on perçoit la timide lueur des jours meilleurs à travers les témoignages des jeunes entrepreneurs se berçant encore d’illusions :
CHRISTOPHE MATHIEU, DR du centre technique et industriel de la construction métallique
 » – Je suis dans une position d’espoir, car comme on dit l’espoir fait vivre mais surtout attentiste par rapport à tout ce qui va être mis en œuvre par le gouvernement.« 
Les « chefs« , comme la bleusaille ingrate et surpayée les qualifie, en appellent désormais au gouvernement. Comme Laurence, la représentante du camp, ils prônent plus de flexibilité, moins d’impôts pour eux et plus pour les autres et des baisses de charges aussi: le seul véritable obstacle à une vraie très bonne grosse rentabilité !

LAURENCE PARISOT, La chef du camp
«  – L’entrepreneur est comme l’albatros de Baudelaire : il se sent empêché, gauche, entravé par des réglementations aux contenus aporétiques.« 

Si rien n’est fait, c’est la perspective d’un exode qui se profile. Une émigration massive et incontrôlable, telle est la tragique destinée des minorités pestiférées sans défense et non-organisées, ne disposant d’aucun lobby, d’aucun relais médiatique.

GILLES REBIBO
 » – Il y’a de grosses inquiétudes. Même quand les entreprises qui fonctionnent bien sur les directions à prendre. […] et aujourd’hui je ne suis pas persuadé que les entreprises, à travers les discours que l’on entend, aient spécialement envie de se développer en France, mais sur d’autres pays européens ou le chef d’entreprise est respecté et rassuré. »
Le fatalisme l’emporte sur le patriotisme. C’est un crève-cœur, mais après avoir délocalisé les trois quarts des effectifs, ils menacent de s’en aller à leur tour. 
MARIE-CHRISTINE OGHLY
« – Voir que les gens partent à l’étranger moi ça me… J’essaye de me battre contre ça mais en même temps je comprends les chefs d’entreprise.« 
Cette déchirante vision de yacht-people affrétés en catastrophe, dans des conditions de promiscuité intolérables au niveau du minibar, naviguant d’un pays à l’autre au gré des réformes libérales, plein cap sur l’eden fiscal, doit nous alerter ! 
Le peuple des patrons ne doit plus subir ces discriminations. Il ne demande pas grand-chose, juste  le droit d’exercer à fond sa fonction, de jouir enfin du plein droit d’imposer à tous plus de devoirs. 
MARIE-CHRISTINE OGHLY
« – Ce que nous attendons de ce gouvernement c’est de permettre aux entrepreneurs de travailler, d’avoir une stabilité fiscale et juridique… Nous sommes très inquiets. Maintenant le discours du premier ministre me redonne un espoir, j’y ai entendu 5 fois le mot compétitivité.« 
La retraite à 112 ans pour les autres ne doit plus être un blasphème, la fin du salaire minimum, le licenciement express, les mini-jobs et l’échange de salariés sont possibles si tous ceux qui veulent changer le monde y mettent un peu du leur. Et au pays des droits de l’homme, est-il trop espérer que les mentalités évoluent et que patrons et actionnaires soient enfin considérés leur juste valeur: au-dessus du travailleur, donc pas soumis à ses lois à la con.
GILLES REBIBO
« Le coté fiscal est évidemment très important, mais comme je vous le disais le cote cérébral est encore plus important. Aujourd’hui le chef d’entreprise n’est pas compris. »
Certains, regroupés à la gargote Challenges spécial « la rigueur à Monaco« , prient pour l’abandon de la taxation à 75% des revenus supérieurs annuels à un million. D’autres jouent l’apaisement et tentent la médiation.


JEAN-PAUL O’MENY-BARNY, Directeur groupe Iris

«  – Vous savez il y’a des entrepreneurs qui sont aussi très solidaires, et qui sont socialistes [en hochant négativement la tête] et tous les entrepreneurs ne sont pas de droite. Moi-même j’appartiens à une génération qui est ni de droite ni de gauche [1], donc y’a pas une fronde contre le gouvernement ou un amour du gouvernement… faut voir ce que gouvernement là va faire, j’espère qu’ils vont avoir « l’esprit d’entreprise »« 
Le gouvernement prend la mesure de la crise sanitaire, de ses possibles dérives sur les comptes de la santé publique, et s’engage dans la lutte contre une stigmatisation des patrons qui n’a que trop duré et va croissant depuis l’instauration du programme du CNR de sinistre mémoire. Les discussions sont en cours, plusieurs délégations ministérielles ont pris la parole devant les assemblées du campement.  Pour l’instant, malgré la bonne volonté du gouvernement, il semble que subsiste encore la défiance chez les gens du Medef. 
Mais, gage de bonne volonté: tout risque de démantèlement est désormais écarté.
Merci à L’expansion

[1] de droite donc.

Illustation : Grapes of wrath, John Ford (1936)

Tout est politique – Le blog de Seb Musset: Le patron et la pitié, un drame français.